Enseignant chercheur
M. Denis Martouzet
Professeur des Universités, Directeur de l'Ecole Doctorale "Sciences de la société : territoire, économie, droit", Rédacteur en chef de la revue Nouvelles Perspectives en Sciences SocialesCoordonnées
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- 0247361466
- Téléphone 2
- 0247361466
- denis.martouzet@univ-tours.fr
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Discipline(s)
Discipline(s) enseignée(s)
En fonction des besoins liés aux diplômes et aux maquettes pédagogiques ainsi que de l’avancée des recherches de Denis Martouzet, les eniseignements qu’il a pu faire recouvrent 6 thématiques.
Théorie de l’action : La théorie de l’action est abordée sous plusieurs angles :
- Les questions éthiques dans la pratique de l’aménagement, en lien avec certains grands courants et grands auteurs en philosophie morale et politique, entre conséquentialistes et déontologistes : Aristote, Kant, Jonas, Ogien…
- La question de la rationalité est abordée dans ses fondemens économiques (Maurice Allais) avant d’en aborder les développements et les traductions en sociologie (Raymond Boudon, Max Weber, Vilfredo Pareto), puis en psychologie (Daniel Kahnemann). Est proposé un dépassement de la rationalité à partir de concepts philosophiques : akrasie (Aristote, Donald Davidson, Richard Robinson), effets essentiellement secondaire (Jon Elster), mauvaise foi (Jean-Paul Sartre, Jean-Pierre Dupuy).
- Un autre dépassement de la rationalité est proposé du côté des affects et de l’émorationalité (Laflamme), qui se traduisent par des approches sensibles des lieux et réanalyse l’espace vécu et l’habiter.
Théorie du projet : Le projet est analysé selon plusieurs optiques : les jeux d’acteurs et leur complexité ; les modes de participation des habitants et usagers ; la dimension temporelle et la notion di’ncertitude. La lecture et l’analyse de textes précèdent l'examen de cas d’études. Par ailleurs est proposé un module amenant les étudiants à rechercher comment ce qui relève du projet est traité dans le cinéma, la littérature, la bande dessinée, la presse dite féminine, la presse quotidienne…
Culture générale urbaine : L’urbain est abordé de façon interdisciplinaire, mêlant histoire urbaine, économie spatiale, écologie urbaine, géographie urbaine, psychologie environnementale, dans une perspective historique pour en noter les invarianceset les spécificités lieux aux lieux ou aux époques et aux cultures.
Aménagement des territoires : L’initiation à l’aménagement des territoires permet d'aborder les questions sociales et économiques, environnementales, juridiques et esthétiques de l’aménagement, avec des approches conceptuelles et des analyses de cas.
Méthodologie de la recherche : Il s’agit de l’accompagnement des étudiants de niveau M2 (3ème année de Magistère ou 3ème année d’Ecole d’Ingénieurs, DEA et M2) dans leur travail d’initiation à la recherche, notamment sur le plan méthodologique dans sa dimension empirique mais aussi dans la construction de la problématique et des hypothèses.
Cartographie : Les enseignements de cartographie sont faits sous forme de TD. Il s’agit de cartographie manuelle ou assistée par ordinateur et de sémiologie graphique.
Thèmes de recherche
3 grands axes de recherche ont été, depuis le début du travail doctoral, explorés, reliés par un fil conducteur majeur, "l’individu en situation".
Habiter et dimension affective du rapport au lieu. La question du rapport affectif à la ville et au lieu est venue de l’étonnement vis-à-vis de mon propre rapport à la ville de Fort-de-France relativement à celui que semblait exprimer la population foyalaise dans laquelle je m’inscrivais sur le long terme. Pourquoi aimer cette ville alors que tout le monde la fuit et semble la détester ? Affrontant cette question, la reprenant sur les bases de Dardel, de Lynch, de Tuan, l’enserrant dans une approche multidisciplinaire, l’éprouvant par des techniques d’enquêtes diverses, le rapport affectif à la ville et au lieu montre une très grande diversité d’expression (attachement, enracinement, identification, détestation, ignorance, déni…), une plus grande diversité de ressentis, une plus grande diversité encore de combinatoires. Le rapport affectif aux lieux urbains est le résultat de l’interaction entre souvenirs, actes et projections à plus ou moins long terme (espérances et craintes), liés aux expériences en ville ou liés à l’idée que les individus se font de la ville et des lieux, en tant qu’ils mettent la personne en jeu à ses propres yeux. Ce rapport conduit à la fabrication d’images qui se confondent, en les conditionnant, avec les récits de vie en ville. Ces instantanés sont ainsi mobilisés pour illustrer et cristalliser des émotions (peur, curiosité, répulsion, fascination, rejet, attirance…) et des sentiments (d’appartenance, de sécurité, d’identité, d’attachement…). Il y a dans cette diversité une constante : le rapport affectif au lieu est le rapport au lieu en tant qu’il inclut un "enjeu de soi". Il est possible de construire une typologie : l’amoureux, le rétif, l’indifférent, l’opportuniste (celui qui sait saisir les opportunités), l’utilisateur, le nostalgique, le convaincu, l’anonyme, le libéré… Parallèlement des figures de villes ont été élaborées : la ville matérielle, la ville-forme, la ville relationnelle, la ville de l’inclusion-exclusion, la ville-souvenir, la ville potentielle (ville-espérance/ville-crainte).
Projet et théorie du projet en urbanisme : Le projet a été examiné sous deux facettes. L’une classique est celle du jeu des acteurs parties prenantes du projet : jeu multiforme, changeant, complexe. L’autre postule l’autonomie du projet par rapport aux acteurs mêmes du projet, remettant en cause la capacité d’action de l’acteur, son essence même. L’argument est le suivant : "les acteurs font le projet qui fait les acteurs" (J.-P. Boutinet) conduit logiquement au fait que les acteurs font le projet mais aussi que le projet fait les acteurs. Et si les deux doivent être examinées, il apparaît que la seconde est systématiquement évacuée. Pour autant, il est possible d’analyser le projet sans se préoccuper des acteurs, comme beaucoup d’analyses du projet évacuent les aspects financiers ou les juridiques, sans que soit remis en cause l’intérêt de ce type de recherche. L’examen du projet sans ses acteurs permet d’insister sur le caractère au moins en partie autonome de la dynamique du projet, allant jusqu’aux cas particulier où le projet porte les acteurs sans que ceux-ci portent le projet comme, par exemple, dans le cas de la ZAC Bossut, à Cergy-Pontoise (L. Jaquet, 2014) qui montre combien, sous certaines conditions, c’est le projet, ici en l’occurrence les valeurs qui le sous-tendent, qui porte les acteurs, qui n’en sont donc pas, plus que les acteurs portent le projet. Le projet en urbanisme a ainsi été examiné sous l’angle de son contenu et de l’évolution de celui-ci, de ses dénominations changeantes, de sa structure temporelle en lien avec les documents de planification et autres projets… L’ensemble de ces travaux a permis, suite à l’organisation d’un colloque, la parution en 2018 de 2 ouvrages aux Presses universitaires François-Rabelais : Les acteurs font le projet et Le projet fait les acteurs sous la responsabilité scientifique de Denis Martouzet.
Ethique : action et décision, rationalité et affectivité : La question éthique dans la pratique de la modification intentionnelle des territoires a été abordée dès le doctorat. Il en ressort trois points majeurs. 1/L’éthique définie comme l’art de bien mener sa vie se traduit par un changement de niveau de réflexion, plus englobant (en termes d’abstraction, mais aussi spatiaux, temporels, sociaux…). 2/L’analyse multi-niveaux (sujet central de l’HDR) apparaît comme la réponse à la mise en évidence de la non-clôture (spatiale, temporelle, en termes d’acteurs mais aussi en termes de disciplines). 3/Il existe une forme de l’éthique qui repose sur l’idée de continuation toujours possible de l’action, ce qui doit se concrétiser dans chaque type d’action possible, y compris celle d’aménager. En parallèle de cette dimension purement éthique, une réflexion est menée sur les limites de la rationalité, dont on trouve la synthèse dans un article visant la définition d’une structure de base de la complexité dans le couple attitude cognitive/action par la remise en cause du principe de tiers exclu. Prenant pour point de départ la volonté humaine, il y est montré que, celle-ci faisant preuve de faiblesse (akrasie aristotélicienne et objectifs que l’on se fixe relevant des effets essentiellement secondaires de Jon Elster), la personne met en œuvre des stratégies d’auto-contrainte (comme l’engagement) irrationnelles mais efficaces. Leur efficacité découle de la capacité humaine à être de mauvaise foi en toute bonne foi (J.-P. Sartre). La structure de cette mauvaise foi est fondée sur le résultat de la coprésence contradictoire entre croyances incompatibles et, même, leur renforcement réciproque, malgré le fait que se forcer à croire est un exemple d’effet essentiellement secondaire (les effets essentiellement secondaires sont des objectifs que le fait de vouloir atteindre empêche d’atteindre). C’est le mécanisme de cette contradiction qui est décrit, remettant en cause ce principe du tiers exclu. Le résultat de ce mécanisme peut être pensé comme la "brique élémentaire" de la complexité humaine. Enfin, les affects entrent dans les processus de décision, à travers l’évaluation des situations dans lesquelles et à partir desquelles des décisions sont prises. Il en ressort que nos pratiques, notamment nos pratiques spatiales relèvent de l’affectivité (sentiments, émotions).
Informations complémentaires
Thèses soutenues
Bailleul Hélène, Communication et projets urbains. Enjeux et modalités de la communication entre acteurs du projet et habitants, soutenue le 7 décembre 2009. Depuis 2011, Hélène Bailleul est maître de conférences (Université Rennes 2).
Feildel Benoît, Espaces et projets à l’épreuve des affects. Pour une reconnaissance du rapport affectif à l’espace dans les pratiques d’aménagement et d’urbanisme, soutenue le 16 novembre 2010. Depuis 2011, Benoît Feildel est maître de conférences (Université de Tours puis Université Rennes 2).
Audas Nathalie, La dynamique affective envers les lieux urbains : la place des temporalités individuelles et urbaines, soutenue le 10 décembre 2011. Depuis 2012, Nathalie Audas est maître de conférences (Université Grenoble 2).
Jolivet Delphine (co-encadrement à 50% par Mme Frédérique Hernandez), Maturité du projet d’urbanisme et temporalités. Détermination de la maturité du projet selon son épaisseur et sa transversalité temporelles, soutenue le 26 novembre 2012. Actuellement en poste dans la fonction publique territoriale, Indre-et-Loire.
Hildéral-Jurad Sandrine (codirection à 50% par M. Yankel Fijalkow), Traces et politiques urbaines actuelles dans les quartiers populaires hérités des années 1950 à Fort-de-France (Martinique), soutenue le 22 mars 2013. Actuellement bureau d’études, en libéral, région parisienne.
Toubal Samer (codirection à 50% par M. Jac Fol), Urban design et projet urbain, entre spécialisation et multidisciplinarité. L’identité professionnelle des concepteurs et leurs marges de manœuvre dans le projet, soutenue le 25 novembre 2013. Actuellement architecte libéral, Paris.
Jaquet Laure, Stabilité et instabilité des valeurs mobilisées dans, par et pour le projet d'urbanisme, soutenue le 18 juin 2014. Actuellement en poste dans la fonction publique territoriale, Loiret.
Adam Matthieu (co-encadrement à 50% par M. Georges-Henry Laffont), La production de l’urbain durable. L’enrôlement des concepteurs et des habitants par l’intégration des contradictions, soutenue le 14 juin 2016. Actuellement Post-doc EVS et ENS-Lyon.
Ali Khoso (co-encadrement à 50% par M. Romeo Carabelli et à 10% Mme Laura Verdelli), La capitale du Fezzan face à l’effondrement de la Jamahiriya et l’émergence des milices : Sebha, du volontarisme étatique à la ségrégation sociale, la fragmentation spatiale et la prédation des ressources, soutenue le 4 juillet 2016. Actuellement : Membre du Corps constituant en Charge de la rédaction de la Constitution de Lybie.
Amandine Langlois, Processus de permanence dans la fabrique urbaine. Contribution d’une pratique de design in situ à l’émergence du lieu anthropologique, soutenue le 30 novembre 2018. Actuellement praticienne libérale en design, Paris.
Hochart Karine, L'Adyar n’est pas un long fleuve tranquille. La politisation de l’habiter au prisme de l’inondation à Chennaï, Inde du Sud (co-encadrement à 50% par Laura Verdelli, Université de Tours, soutenue le 18 juin 2019.
Doctorats en cours
Bataille Nicolas, La raison des études : le rôle pluriel des bureaux d’études et d’ingénierie au service de la fabrique de la ville et des territoires (co-direction à 50% par Laurent Devisme, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, bourse CIFRE).
Cossais Nina, Les freins à la mise en place de techniques alternatives de gestion des eaux pluviales, (co-encadrement à 50% par Anne Honegger, UMR EVS-Lyon, bourse CIFRE).
Baït Soraya, Le jardin pour lieu d’habiter.
Ghalehnoee Fatemeh, L’influence de la configuration de la voirie urbaine sur l’usage des déplacements doux, comparaison Ispahan-Tours (bourse présidentielle, Président de l’Université de Tours).
Ramakrishnan-Harishankar Rukkumani, Role of "Puramboke" - common lands in traditional water management systems of Tamilnadu (co-encadrement à 33% par Laura Verdelli, Université de Tours et 33% par Ranee Vedamuthu, dans le cadre d’une cotutelle avec Anna University, Chennaï, Inde).
Julien Torchin, Le rapport affectif à l’espace au prisme de la musicalité des villes : de la reconnaissance sensible des lieux aux identités sonores urbaines (co-encadrement à 50% par Benoît Feildel, Université de Rennes).