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Le 4e Programme d'investissements d'avenir (PIA4)

Présentation du projet de réponse de l’université de Tours à l’appel à projet Excellences sous toutes ses formes

Recherche translationnelle et innovations thérapeutiques

La récente crise sanitaire a montré toute la fragilité de la santé humaine, tant vis-à-vis des nombreux agents infectieux et de leurs variants qu’en termes de santé mentale. Elle a aussi mis en avant la dépendance de la France pour la conception et, plus encore, la production de biomédicaments (vaccins, anticorps thérapeutiques…) dont l’efficacité est impressionnante mais dont la bioproduction reste très onéreuse, car faisant appel à des processus encore insuffisamment maîtrisés à grande échelle. Plus largement, elle a montré l’absolue nécessité de penser la santé de manière globale, intégrée et interdisciplinaire (y compris en y intégrant l’apport des sciences humaines et sociales).

L’université de Tours s’est appuyée sur le fait d’être une université pluridisciplinaire avec un secteur Santé pour mener des recherches pionnières dans ces domaines, en lien étroit avec ses partenaires en région Centre Val de Loire, INSERM, INRAE, CNRS et CHU :

  • Après avoir mis au point en 1975 le premier vaccin contre l’hépatite B, les équipes de recherche ont poursuivi leurs recherches dans le domaine des maladies infectieuses, que ce soit chez l’homme ou l’animal, montrant très précocement l’interdépendance entre santé humaine, santé animale et santé environnementale ; celle-ci est désormais largement établie dans le concept dit One health d’une seule santé. C’est à Tours qu’a été déployé le premier Master Erasmus Mundus « Infectious diseases and one health » (IDOH renouvelé en Master IDOH+). C’est aussi à Tours qu’a été mis au point le premier vaccin contre la Covid19 100% français et par voie intranasale permettant donc de réduire les risques de transmission.
  • Les équipes tourangelles ont joué un rôle décisif dans la compréhension des mécanismes à l’origine de l’autisme et des troubles du développement, démontrant dans les années 1980 ses origines neurologiques et réfutant la théorie alors en cours selon laquelle les mères dites « réfrigérateurs » étaient responsables de l’autisme de leurs enfants. Les recherches actuelles incluent aussi les troubles mentaux liés au stress. Toutes sont menées dans une approche largement transdisciplinaire alliant plusieurs spécialités médicales (psychiatrie, neurologie, neuroradiologie, génétique radiochimie, pharmacologie, biochimie) et d’autres disciplines issues des sciences humaines et sociales (psychologie, philosophie, linguistique), de la biologie (biologie cellulaire et moléculaire, neurosciences, biochimie, éthologie) et des sciences de la matière et de l’ingénierie (chimie, physique, mathématique, imagerie médicale, acoustique, informatique).
  • Ces travaux ont été développés en forte synergie avec les recherches en imagerie (et souvent dans les mêmes équipes). Les travaux menés à Tours ont débouché sur des développements importants pour le succès de l’échographie. Elles ont aussi permis de visualiser les circuits neuronaux et leurs fonctionnements, renforçant la compréhension d’une part de la dimension biologique des interactions sociales, et d’autre part des interactions aux échelles cellulaires et moléculaires, facilitant de ce fait la mise en place de méthodes diagnostiques, préventives ou thérapeutiques, et ce dans de nombreux domaines d’application. Là encore, les approches ont été largement transdisciplinaires, impliquant tant des médecins et biologistes que des ingénieurs, informaticiens, chimistes, mathématiciens…
  • Depuis plus de 10 ans, l’université a également développé à la fois les recherches sur les biomédicaments (avec le LabEx Mabimprove) et les infrastructures nécessaires à ces études, en particulier le Bio3 institute (créé en 2016) qui permet recherche et enseignement en bioproduction. Avec de plus le projet PIA régionalisé BIO-S (depuis 2018) concernant la mise au point de biomédicaments oncologiques, déployé en collaboration avec Servier et faisant à appel à l’équipe bio-informatique de l’UMR PRC, Tours est le seul site apportant l’ensemble du continuum rendant possibles des recherches depuis le laboratoire sur de très faibles quantités de biomédicaments jusqu’à l’échelle industrielle dans les conditions réglementaires de la production de médicaments. C’est aussi, grâce aux moyens engagés par le conseil régional pour le partenariat public-privé, un site important en termes d’innovations et de transfert de technologie dans le domaine des anticorps thérapeutiques, notamment pour des applications en infectiologie mais aussi en cancérologie, ainsi que dans le domaine des vaccins. Ce développement s’est fait en pleine cohérence avec une stratégie de spécialisation régionale résolument tournée vers la filière du médicament et l’innovation thérapeutique, dans une région qui comptant environ 9 000 emplois dans l’industrie pharmaceutique se hisse au 4è rang national dans ce secteur.

La réponse à l’appel à projets « Excellences sous toutes ces formes » vise à transformer l’université de Tours en créant un pôle d’enseignement supérieur et de recherche sur l’innovation thérapeutique et la recherche translationnelle. Ce pôle comportera quatre axes. Deux correspondent aux domaines d’application de l’infectiologie et de la santé mentale et deux à des approches transversales. Le premier axe transversal porte non seulement sur les biomédicaments mais aussi les petites molécules, fédérant ainsi les forces des campus tourangeaux et orléanais. Le second cible les méthodes d'imagerie pour la visualisation des interactions entre molécules, cellules et individus mais aussi, par l’application d’ultrasons, les innovations thérapeutiques dans le traitement des maladies mentales et les voies d’administration de biomédicaments.

La stratégie de transformation de ce projet s’appuie sur :

  • La pleine cohérence entre ce pôle et le domaine de spécialisation régionale, avec, au niveau régional, la fédération et la structuration de l’ensemble des forces régionales en recherche, enseignement mais aussi en infrastructures collectives et, à l’international, des collaborations avec d’autres régions partageant des spécialisations analogues,
  • Le renforcement des dispositifs de valorisation tant économique pour assurer une stratégie d’accélération des start-ups au PME que sociétale pour permettre la pleine efficacité des innovations thérapeutiques à l’instar des actions menées pour expliquer les causes de l’autisme et faciliter l’inclusion des personnes souffrant de troubles du développement.

La première étape de ce projet sera de fédérer encore davantage l’ensemble des équipes pour accroître leur visibilité aux niveaux régional, national ou international et renforcer le caractère multidisciplinaire des recherches. Une réflexion sera menée sur les infrastructures régionales pour une meilleure intégration dans le pôle et une promotion de l’ensemble. Cette démarche bénéficiera aussi de la structuration, en cours au niveau régional, des actions de partenariat, transfert et valorisation pour organiser une unité commune aux deux universités et au CNRS et impliquant le CHU et l’INSA Centre Val de Loire, afin d'aboutir à la création d’un pôle universitaire d’innovation. Elle s’appuiera également sur la promotion en cours du Bio3 Institute menée avec l’Institut Pasteur. Il en sera de même de l’accélérateur HealthTechStation : la construction, à proximité du Bio3 Institute, d’un bâtiment de 10 000 m² destiné à accueillir des start-ups spécialisées dans les biotechnologies et favoriser leur développement a démarré en lien avec le projet CVL Tomorrow financé par le PIA Régionalisé CVL, et qui apportera un accompagnement à ces jeunes équipes innovantes.

Un second volet portera sur le développement de recherches dans les domaines cités, avec une animation de l’ensemble du collectif, une réflexion prospective et des appels à projets de recherche. La fertilisation croisée entre les différents domaines sera encouragée : développement de vaccins à la croisée entre biomédicaments et infectiologie, étude des effets du stress sur les maladies infectieuses, recherche des méthodes permettant aux biomédicaments de franchir la barrière hématoméningée et par suite de traiter des maladies mentales, travail entre soignants et association de patients…  

Le troisième volet portera sur la mise en place de formations innovantes pluridisciplinaires pour les étudiants de Master et les doctorants, s’appuyant également sur les acquis des FacLabs. Une attention particulière sera portée à la formation à la valorisation des résultats, pour permettre aux étudiantes et étudiants d’intégrer la dynamique régionale en place et à la société civile de bénéficier de ces avancées.  Les questions sociétales autour de l'acceptation de la vaccination seront aussi abordées grâce aux acteurs de ce programme et leurs complémentarités disciplinaires. Des enseignements complémentaires seront créés à destination des personnels de santé, des aidants et des associations de patients d’une part, et des publics scolaire.

Enfin le lien avec la société sera renforcé. Un cycle de conférences sera organisé annuellement à destination du grand public pour favoriser des rencontres régulières entre recherche et société, l’objectif étant d’en faire une manifestation de référence au plan national. Une boutique des sciences sera organisée par la Maison des sciences de l’homme pour développer les échanges sur ces thématiques et un « incubateur de l’interdisciplinarité » créé pour faciliter des approches intégrées et œuvrer à la fertilisation croisée des recherches, en impulsant et soutenant des recherches interdisciplinaires (incluant les SHS, à la fois comme ressources et force de proposition sur les questions de recherche posées).

A terme, cette action transformante a pour but de bénéficier à l’ensemble de l’université de Tours et de l’écosystème régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Grâce aux interactions qu’il va créer, ce projet fédératif sera ainsi à même d’optimiser et de tirer le meilleur parti des investissements déjà réalisés ou en cours grâce principalement au PIA, dans les différents maillons de la chaîne de valeur de la filière des biotechnologies appliquées à la santé, en matière de réseaux et projets de recherche (LABEX MABIMPROVE), de formation (campus des métiers Cosmétopharma, BIO3), de création et d’accélération des start-ups (HealthTechStation, CVL Tomorrow) ou encore d’industrialisation (BIO-S). Il permettra des développements scientifiques et pédagogiques innovants à l’instar des projets en cours en région Centre Val de Loire.