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Actualité

Validation d'une nouvelle approche thérapeutique : à Tours, une avancée médicale majeure pour traiter les maladies respiratoires

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  • Santé-Sciences-Technologie,
Date(s)

le 9 juillet 2024

Développée par le Centre d’Etudes des Pathologies Respiratoires (CEPR), unité Mixte de Recherche sous la double tutelle de l’Inserm et de l’université de Tours, l’approche thérapeutique dite « Combattre le mal par le mal », qui consiste à mimer les effets d’une maladie génétique rare, pourrait permettre de soigner 1 million de patients aux Etats-Unis, en Europe et au Japon atteints de la maladie de dilatation des bronches. Cette approche vient d’être validée lors de la phase 3 des essais cliniques, sur plus de 1 700 patients.

C’est l’étude d’une maladie génétique rare, le syndrome de Papillon-Lefèvre, qui est à l’origine d’une nouvelle approche thérapeutique. Les personnes touchées par cette pathologie présentent une déficience en cathepsine C, une enzyme qui active les protéases à sérine du neutrophile, une variété de globule blanc responsable de réactions de défense de l’organisme.
Ces protéases étant impliquées dans le développement des pathologies pulmonaires, l’absence d’activité de la cathepsine C chez ces patients pourrait les protéger de certaines maladies pulmonaires inflammatoires comme la bronchectasie ou dilatation chronique des bronches.

Brice Korkmaz, biochimiste et chargé de recherche à l’Inserm, et son équipe, ont donc cherché à reproduire les effets de cette carence en cathepsine C, en utilisant un inhibiteur chimique qui la rend inactive et inoffensive. Les preuves de concept in vitro et in vivo réalisées à Tours ont montré la pertinence de cette stratégie anti-inflammatoire et ouvert de nouveaux horizons thérapeutiques. Cette approche pharmacologique a été utilisée par le laboratoire pharmaceutique américain INSMED, qui a testé un inhibiteur de la cathepsine C, le brensocatib, chez des patients atteints de la maladie de dilatation des bronches.

Une approche désormais validée en phase 3 et efficace sur l’Homme

L’efficacité de cette approche thérapeutique a été validée par les bons résultats de la phase 3 des essais cliniques, au cours de laquelle le médicament a été administré à plus de 1 700 patients dans 400 centres hospitaliers dans le monde.

Grâce à cette validation scientifique, le médicament pourrait donc être administré dès l’an prochain aux Etats-Unis à environ 500 000 patients souffrant de cette maladie. Viendront ensuite les patients européens et asiatiques en 2026.

Les résultats d’un travail débuté en 2000

La conception puis la validation de cette nouvelle approche thérapeutique est le fruit d’un travail mené depuis près de 25 ans par Brice Korkmaz. Le chercheur a créé en 2016 un consortium international sur le ciblage pharmacologique de la cathepsine C, qui regroupe plus de 50 équipes de recherches à travers le monde, spécialistes du sujet et qui ont pu mettre en œuvre une collaboration fructueuse.

« Ces résultats de phase 3 étaient très attendus par la communauté scientifique et par les patients puisqu’ils démontrent, que la stratégie que nous avons imaginée, défendue et mise en avant toutes ces années s’avère être une nouvelle approche thérapeutique efficace et prometteuse pour beaucoup d’autres maladies incluant la bronchopneumopathie chronique obstructive (ou BPCO), quatrième cause de mortalité dans le monde. » détaille Brice Korkmaz, biochimiste et chargé de recherche Inserm et université de Tours.